
Chantal Compagnon demeure dans l’histoire comme la première épouse de Charles Sobhraj, le célèbre tueur en série français surnommé “Le Serpent”. Née en 1945 dans une famille catholique conservatrice parisienne, cette femme française de 80 ans a vécu une liaison tumultueuse avec l’un des criminels les plus notoires du XXe siècle, devenant malgré elle complice de ses premiers méfaits avant de fuir définitivement cette spirale criminelle.
Origines bourgeoises et rencontre fatidique
Milieu familial conservateur
Chantal Compagnon naît en 1945 au sein d’une famille catholique conservatrice de Paris. Issue de la bourgeoisie parisienne, elle grandit dans un environnement protégé, loin des milieux criminels qu’elle côtoiera plus tard. Ses parents, attachés aux valeurs traditionnelles, s’opposeront initialement à son union avec Charles Sobhraj.
Première rencontre en 1969
En 1969, lors d’une soirée parisienne, Chantal rencontre Charles Sobhraj qui se présente comme un homme fortuné originaire de Saïgon. Il lui raconte ses prétendues aventures en Orient et à Dakar, évoquant une riche famille fictive. À cette époque, Charles entretenait une relation avec une certaine Chantal Desnoyers, qu’il abandonne pour courtiser Compagnon.
Mariage mouvementé et premiers signes alarmants
Demande en mariage et arrestation simultanée
Charles propose rapidement le mariage à Chantal, mais le jour même de sa demande, il est arrêté pour vol de voiture et tentative d’échapper aux forces de l’ordre. Cette arrestation constitue le premier signal d’alarme sur la véritable nature de son prétendant, mais Chantal choisit de rester fidèle malgré cette épreuve.
Soutien indéfectible pendant l’incarcération
Pendant les huit mois d’emprisonnement de Charles à la prison de Poissy, Chantal lui apporte un soutien constant et loyal. Cette période révèle sa dévotion aveugle envers un homme qui lui avait pourtant dissimulé sa nature criminelle. Ses parents finissent par accepter cette union après que Charles ait exhibé les richesses accumulées par ses escroqueries.
Fuite en Asie et complicité criminelle
Départ précipité pour l’Asie en 1970
En 1970, enceinte de leur enfant, Chantal accompagne Charles dans sa fuite vers l’Asie, utilisant de faux documents. Ce voyage marque le début de sa transformation involontaire en complice, participant aux vols commis contre les touristes qu’ils rencontrent sur leur route à travers l’Europe de l’Est.
Naissance d’Usha à Mumbai
Arrivés à Mumbai (alors Bombay), le couple accueille leur fille Usha. Charles promet de renoncer à la criminalité pour offrir une vie stable à sa famille, mais cette résolution ne dure guère. Il reprend rapidement ses activités illégales, développant un réseau de vol de voitures et de contrebande qui nourrit son addiction naissante au jeu.
Escalade criminelle et désillusion progressive
Participation aux braquages et évasions
En 1973, l’arrestation de Charles pour une tentative de braquage armé dans une bijouterie de l’hôtel Ashoka à New Delhi implique directement Chantal dans ses manœuvres d’évasion. Elle participe activement à son échappée en droguant les gardiens de l’hôpital où Charles simulait une appendicite, révélant son degré de complicité dans les activités criminelles de son époux.
Cavale en Afghanistan et trafic d’armes
Le couple fuit ensuite vers Kaboul où Charles s’implique dans le trafic d’armes. Chantal l’accompagne dans cette nouvelle phase criminelle, participant aux vols commis contre les voyageurs empruntant la route hippie reliant l’Europe à l’Asie. Cette période marque l’apogée de leur association criminelle mais aussi les prémices de leur séparation définitive.
Rupture définitive et retour en France
Abandon par Charles en Iran
Lorsque Charles s’enfuit seul vers l’Iran, abandonnant femme et enfant à Kaboul, Chantal comprend enfin l’impossibilité de poursuivre cette relation destructrice. Cet abandon marque la fin de leur union tumultueuse et le réveil tardif de Chantal face à la réalité de son mariage.
Retour en France et nouvelle vie
De retour en France avec sa fille, Chantal prend la ferme résolution de rompre définitivement avec Charles et de ne plus jamais le revoir. Elle confie Usha à ses parents parisiens avant de reconstruire sa vie loin de l’influence toxique de son ex-époux. Selon certaines sources, elle rencontre un Américain à Kaboul et s’installe aux États-Unis.
Soutien juridique persistant malgré la séparation
Action devant la Cour européenne des droits de l’homme
Paradoxalement, malgré leur séparation, Chantal continue de soutenir Charles lors de ses démêlés judiciaires. En 2004, elle porte plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme contre le gouvernement français pour absence d’assistance consulaire lors du procès de Charles au Népal pour le meurtre de Connie Bronzich.
Révélations sur les aveux de Charles
Dans une conversation avec l’écrivain britannique Farrukh Dhondy, Chantal révèle que Charles lui avait avoué ses meurtres en détail. Ces confidences troublantes éclairent la connaissance qu’elle avait de la véritable nature criminelle de son ex-époux, soulevant des questions sur son degré de complicité morale.
Représentation médiatique et héritage
Adaptation dans la série “The Serpent”
Dans la série BBC/Netflix “The Serpent” (2021), Chantal Compagnon est représentée sous le nom fictif de Juliette Voclain, interprétée par l’actrice Stacy Martin. Cette adaptation dramatise sa relation avec Charles tout en préservant l’anonymat de la vraie Chantal, désormais âgée et vivant discrètement.
Influence sur l’itinéraire criminel de Sobhraj
L’histoire de Chantal illustre parfaitement comment l’emprise psychologique peut transformer une bourgeoise parisienne respectueuse des conventions en complice involontaire d’un tueur en série. Son parcours témoigne de la capacité de manipulation exceptionnelle de Charles Sobhraj et des ravages causés par sa personnalité charismatique mais destructrice.
Vie actuelle et discrétion
Silence médiatique depuis les années 2000
Aujourd’hui âgée de 80 ans, Chantal Compagnon maintient un silence total sur son passé avec Charles Sobhraj. Sa dernière apparition publique remonte aux années 2000 lors des procédures judiciaires népalaises. Cette discrétion contraste avec la médiatisation constante de son ex-époux, suggérant une volonté ferme de tourner définitivement la page de cette période sombre.
Héritage familial avec sa fille Usha
Sa fille Usha, née de cette union tumultueuse, a grandi loin des projecteurs, élevée par les grands-parents maternels en France. Cette protection familiale a permis de préserver la descendance de Chantal des conséquences médiatiques de l’infamie paternelle, illustrant la capacité de résilience de cette famille marquée par l’histoire criminelle française.